Histoire d'Uzech-les-oules

Une tradition potière à Uzech ?

 

 

Le mystère s'éclaircit lorsqu'un habitant vous apprend que le nom du village provient de l'occitan et que le mot signifie "banc d'argile".

En effet, c'est au XIIIème siècle qu’Uzech-des-Oules s'élève peu à peu sur une colline constituée principalement de pierre calcaire et d'argile.

Matériaux au combien précieux en ces lieux ! ... et les hommes d'antan en prirent toute la mesure.

 

Uzech : banc d'argile, mais les "oules" nous direz-vous ?

Les oules -dont vous pouvez encore apercevoir quelques beaux "spécimens" dans la salle d'exposition de l'Oulerie- étaient des pots permettant de conserver durablement les viandes confites quand ils étaient remplis de graisse de canard ou de porc. Les oules furent aussi détournées de leur usage premier pour être employées au braconnage de grives et autres passereaux abondant ici.

 

Uzech-les-oules : le nom de ce village est donc bien éloquent et les toits ne le sont pas moins !

Portez votre regard en leur direction et vous y découvrirez les fameux épis de faîtage. Autrefois, les fagots de genêt faisaient office de couverture sur les toits et des oules, puis plus tard des épis, vinrent coiffer le poinçon des charpentes afin de les protéger. C'était chose courante dans de multiples villages de France mais, au XVIIème siècle, période faste de la poterie uzéchoise (60 potiers pour 600 habitants), les potiers en créerent deux tout particuliers : un épi dit "mâle" et l'autre "femelle". Ils étaient constitués d'un mandrin surmonté de quatre boules dont la taille s'amenuisait à mesure qu'elle s'approchait du ciel et symbolisait les quatre éléments (du bas vers le haut) l'eau, la terre, l'air et le feu. Sur l'épi femelle, la dernière boule ornée d'un téton symbolisant le sein maternel devait ainsi favoriser la fécondité de la famille sur laquelle l'épi "veillait". Quatre petites anses disposées en croix et situées également au sommet indiquaient les quatre points cardinaux tandis que quatre petites "trompettes" avaient pour charge de siffler, lorsque le vent s'y engouffrait, et d'éloigner les esprits malins du foyer.

 

Comment d'un objet indispensable à la pérennité et la salubrité d'une maison faire d'un objet d'art impregné de croyances païennes : c'est la merveille des arts populaires !

 

Si les oules et les épis sont la clé de voûte de la production potière uzéchoise, il y eut bien d'autres ustensiles nécessaires à la vie ancillaire : "lou cruou" (sorte de cruche), "lou grézal" (grand plat trés évasé), les faisselles pour préparer les cabécous, les dournes, lesquels témoignent des us et coutumes lotois passés et parfois perpétués.

 

Au XVIIIème siècle, une épidémie de phyloxéra -maladie s'attaquant à la vigne- fut responsable de la fuite vers l'Amérique du Sud de nombreuses familles lotoises qui, dans leur exil, embarquerent avec elles quelques effets, dont les poteries d'Uzech.

Ainsi, les archéologues eurent l'incroyable surprise d'exhumer des oules lotoises abritant des restes mortels amérindiens. Ces pots à usage culinaire, façonnés à l'autre bout de l'Atlantique, étaient donc devenus des urnes funéraires.

Les lotois émigrés construisaient ailleurs une nouvelle vie et les pots qui les accompagnaient faisaient de même...

 

Cette effervescence autour du travail de l'argile impressionne :

Il y eut jusqu'à dix tuileries et briquetteries à Uzech qui, du fait des ravages de la guerre, s'évanouirent avec les hommes qui les animaient alors.

 

Le dernier potier d'Uzech nommé Aimé Terry s'éteignit en 1956.

 

Alors, la production potière se tût à Uzech pendant une quarantaine d'années.

 

Depuis 1992, chaque avant dernier dimanche d'août, un marché potier est organisé regroupant environ trente à quarante potiers et céramistes de diverses régions.

 

Et c'est en 1997 qu'arriva Jean-Pierre Téjada réveillant ainsi la poterie uzéchoise. Il travailla au coeur du village pendant six ans remettant en marche une production de terre vernissée utilitaire dont des répliques de pièces anciennes, dans son atelier, lequel est aujourd'hui devenu un bar-restaurant justement appelé le "Rendez-vous des potiers". Malgré sa disparition, Jean-Pierre Téjada a durablement réinsuflé une dynamique potière à Uzech qui se renforce encore peu à peu.

 

En 1999, la Mairie et la Communauté de Communes entreprirent de construire un lieu : "l'Oulerie" dans laquelle elle souhaite accueillir des potiers venus de tous horizons. Une salle d'exposition centrale leur permettrait de mettre en valeur leur travail ainsi que la présentation de poteries anciennes -vestiges d'un temps passé.

 

Aujourd'hui, des potiers installés à l'Oulerie et dans le village fabriquent artsianalement et vendent leurs pièces sur place. Ils vous acceuillent toute l'année avec le bonheur de partager ce metier de mémoire résolument tourné vers l'avenir.

 

Soyez les bienvenus sur ce joli banc d'argile !!